Claude LOUIS-COMBET – Ecrivain

Claude LOUIS-COMBET – Ecrivain

Claude LOUIS-COMBET

Une Trilogie Maternelle du THEATRE CORNET A DES :

"Do, l'enfant-pot"  / "Augias" / " Tsé-Tsé" (Ordre chronologique de la représentation).

Le terme de trilogie évoque invinciblement, pour la mémoire classique, les fastes de la tragédie grecque, avec cette obligation imposée au poète de présenter au concours trois pièces consacrées au même thème mythologique - ce qui nous a valu l'Orestie d'Eschyle et les grandes compositions de Sophocle vouées à la célébration d'Oedipe.

Ce patronage historique a de quoi faire trembler l'homme de théâtre d'aujourd'hui dont personne n'exige qu'il en fasse autant. Trois créations successives autour d'une même situation fondamentale - la relation psychique catastrophique entre Mère et Fils -voilà qui a demandé à Jean-Pierre Armand une audace certaine, d'autant plus grande, en outre, que l'adaptation et la mise en scène ont porté sur des textes qui n'avaient jamais été conçus pour le théâtre. Il fallait assurément que le noyau dramatique présent et rayonnant au fond de ces oeuvres exerçât sur le directeur du Cornet à dés un singulier pouvoir de fascination, jusqu'à l'intimation irrésistible de porter la chose sur les planches.

"Tsé-Tsé" (1972) est un texte fondateur. Il constitue la matrice de prose et l'espace imaginaire d'où prendront forme, plus tard, "Augias" (1993) et "Do,l'enfant-pot" (1995). L'ordre chronologique des publications importe peu, au demeurant. Le fantasme s'élabore et se déploie dans la permance de l'intemporel. Dans chacun de ces textes, les deux personnages, Mère et Fils, sont proie l'un de l'autre et tellement sujets soumis d'une seule et même passion qu'ils forment, à les considérer avec le recul du spectacle, la double face d'un être androgynique chez lequel l'élément féminin-maternel serait dominant, l'élément masculin-filial étant dominé.

Si l'onsuit l'ordre des représentations de la trilogie mise en scène par Jean-Pierre Armand, on a :

- Do, l'enfant-pot :  la Mère nourrit son rêve de puissance et de fécondité dans la miseau monde d'un enfant monstrueusement amorphe, dont l'existence n'a d'autre sens que la satisfaction du désir maternel - jusqu'à ce point ultime qui consiste dans la réintégration intra-utérine en vue d'une régénération, d'une renaissance et d'un nouveau cycle, selon la loi de l'éternel retour.

- Augias : le Fils devenu adulte s'efforce de prendre sa revanche. Il a consacré toute sa jeunesse, tout le temps de son apprentissage, à étudier la nature de l'être maternel afin d'en prendre possession et de le dominer.  Il y parvient en effet. Il s'applique, avec toute la puissance de son génie, à vider et à évacuer toute la substance charnelle de sa mère enfin réduite à l'état de pure enveloppe vacante et ballottante. Mais dans cette opération, le Fils s'exténue à mort et se trouve ramené à sa forme archétypale de déchet foetal.

- Tsé-Tsé